Après l’information étonnante de la semaine dernière : les machines achetées en février étaient non conformes à l’agrément de 2005, elles ont été changées à quelques jours du scrutin. La municipalité UMP-UDF d’Issy-les-Moulineaux dirigée d’une main de fer continue de nier les évidences.
«à Issy-les-Moulineaux, les problèmes de flux ne se sont posés que dans une dizaine de bureaux de vote sur 40. En aucun cas cette attente n’est liée à un problème technique» nous dit un communiqué de la mairie publié mardi matin alors que tout le monde s’accorde pour dire que les ordinateurs de vote, partout où ils ont été installés ont entraîné des dysfonctionnements supplémentaires.
La Ville, nous dit-on, étudie « comment fluidifier le flux des électeurs au second tour en tirant enseignement de l’expérience des bureaux qui ont le mieux fonctionné ». Ceux qui ont «le mieux fonctionné» étaient soit des bureaux à 500 électeurs, soit des bureaux dont les présidents ont pris de trop grandes libertés avec le code électoral comme on a pu le lire dans le Monde daté du 24 avril.
Des électeurs témoignent être allé voter directement sur la machine, avant vérification de leur inscription sur la liste d’émargement. Cela s’est produit aux Epinettes, à Jules Ferry, à Doisneau…. Au bureau 1, au bureau 15, des électeurs ont voté deux fois, un électeur au moins a voté dans un bureau où il n’était pas inscrit…
Des incidents ont eu lieu avec les machines : écran blancs, retour à la page d’accueil alors que l’électeur pensait avoir voté (pas de biiiip). Au bureau 37, ces dysfonctionnements ont cessé lorsque la Présidente de la Commission de contrôle nous a conseillé de bricoler un cache sur le clavier braille du vote pour aveugle. Ce dernier était censé être inactif…. On se demande toujours si les machines utilisées dimanche à Issy étaient bien totalement conformes à l’agrément de 2005. Une machine a été changée, sous le contrôle d’un huissier, en cours de scrutin dans un bureau.
À la fin de la journée, des discordances inexpliquées entre le nombre des émargements et celui des suffrages exprimés donnés par les tickets de dépouillement des machines ont été signalées dans plusieurs bureaux de vote. La mairie n’a pas été accepté d’imprimer le journal des opérations afin de recompter les enregistrements. Alors que la fiabilité du vote électronique est en débat, la ville se retranche derrière une jurisprudence qui autorise à prendre le chiffre le plus bas et à déduire la différence du candidat arrivé en tête dans le bureau.
Au lieu de reconnaître, comme le maire d’Amiens, le maire de Saint-Malo, le maire du Perreux-sur-Marne, la maire de Noisy-le-Sec, qu’il faut réfléchir un peu plus, André Santini s’accroche au vote électronique lors du second tour, le 6 mai prochain, préférant la confusion d’un scrutin mal organisé à la sérénité de l’acte républicain.
Félicitations, chers amis Isséens.
Nous finirons bien par faire comprendre à nos maires respectifs que ces machines ne sont pas acceptées par les électeurs.
Rédigé par : Romain Carayol | 05 mai 2007 à 10:05
Bonjour,
Je souhaite apporter mon témoignage sur l'utilisation des urnes électroniques à Boulogne Billancourt.
En tant qu'assesseur titulaire d'un des bureaux de vote à Boulogne le 22 avril, j'ai eu l'occasion tout au long de la journée d'expérimenter ce nouveau mode d'expression du vote.
En premier lieu, je m'exprimerai sur le principal grief apparu ce dimanche : la lenteur du processus. Je pense effectivement que l'introduction du vote électronique a pu augmenter l'attente dans les bureaux. Mais la faute à qui? Certainement pas à la machine, puisqu'il suffit d'une dizaine de secondes pour choisir son (sa) candidat(e) et valider. C'est quand même plus rapide que de choisir son bulletin, le mettre dans l'enveloppe, puis de glisser le tout dans l'urne.
Evidemment, le fait qu'il n'y ait qu'une seule machine par bureau ne peut que diminuer le "débit" des électeurs. Je rappelle ici que la machine faisant à la fois office d'isoloir et d'urne, il est indispensable qu'il n'y en ait qu'une par bureau. Je pense cependant que c'est largement compensé par la rapidité du vote en lui-même. Ce qui est long, c'est la vérification des identités et l'émargement, comme avant du reste.
Pour moi, le problème est la mauvaise organisation des présidents et assesseurs de nombre de bureaux. Beaucoup d'entre eux à Boulogne utilisaient les urnes électroniques pour la première fois, et n'avaient pas vraiment d'idée sur la façon dont ça devait se gérer. Il a suffit de voir à l'ouverture des bureaux la concentration qui a été nécessaire pour mettre en route le système. Il a suffit de voir ensuite la mauvaise gestion du passage des électeurs : entre la vérification de l'identité, le vote proprement dit et l'émargement, l'isoloir était vide les 3/4 du temps!
Dans notre bureau, nous avons choisi la méthode suivante : l'électeur présente ses papiers, entre dans l'isoloir et attend l'ordre du président(et du coup a le temps de bien visualiser la machine, et de se préparer au vote). Le président ouvre l'urne après vérification de l'identité et l'électeur vote. Il sort ensuite de l'isoloir et va émarger. Pendant ce temps, un autre électeur a donné ses papiers et entre à son tour dans l'isoloir. Ce principe de fonctionnement nous a permis de faire passer 900 électeurs en 7 heures. L'isoloir n'était jamais vide.
Je suis persuadé qu'une formation appropriée des bureaux de vote permettra d'améliorer de beaucoup l'efficacité.
De toute façon, l'inefficacité des membres des bureaux se fait aussi sentir dans le mode "papier" : combien de fois n'ai-je vu des assesseurs tourner une par une les pages du registre pour y trouver l'électeur, quand on sait qu'à Boulogne il y a en moyenne un bon millier d'électeurs par bureau! Dans ce genre de bureaux aussi les gens ont fait la queue.
Il faut aussi reconnaître que la très forte affluence de ce scrutin (avec en particulier un très grand nombre de procurations par rapport à d'habitude) a accentué ces difficultés. Le gros des électeurs est venu non-stop dans notre bureau de 10h à 17h. Quasiment personne entre 8h et 10h, et entre 18h et 20h (ce qui représente quand même 1/3 de la durée d'ouverture du bureau).Je rappelle quand même que si les bureaux sont ouverts de 8h à 20h, c'est aussi pour permettre un étalement dans la journée. Mais force est de reconnaître que nous sommes tous un peu "moutons" à ce sujet, puisque nous venons tous voter à la même heure. Peut-être faudrait-il un Bison Futé du bureau de vote?!
Venons-en maintenant à la question qui fâche vraiment : la possibilité de fraude.
Une chose est certaine : aucune fraude n'est possible au sein du bureau de vote. Dans mon expérience, le nombre à l'émargement et le nombre de votants indiqué par la machine était rigoureusement exact. Si cela n'avait pas été le cas, je peux vous assurer que je n'aurais pas validé les résultats de mon bureau (pour précision, je suis accrédité par un parti d'opposition).
Seul le président est autorisé à ouvrir l'urne électronique, qui se referme aussitôt après validation par l'électeur. Cette ouverture ne se fait bien sûr que lorsque l'assesseur a validé l'identité de celui-ci. En aucun cas le bureau ne peut savoir pour qui l'électeur vote (seules mentions affichées sur l'écran de contrôle du président : urne ouverte, a choisi, a validé, urne fermée). Rien dans la machine ne permet d'identifier l'électeur, donc aucun risque a posteriori d'associer une personne à son choix.
Absolument personne n'a accès pendant toutes les opérations à l'"urne", qui n'est rien d'autre qu'un disque dur finalement qui enregistre les votes. Elle est verrouillée par un double système de clés (une pour le président, une pour l'assesseur tituaire). Je rappelle que ces machines fonctionnent en circuit fermé, elles ne sont pas en réseau, ne dispose pas d'un système d'accès à distance (type Wifi, 3G...), donc personne ne peut intervenir dessus pendant le vote.
La seule possibilité de fraude est donc en amont, et on peut donc supposer que les esprits mal intentionnés peuvent installer des machines programmées pour truquer les élections. C'est d'abord une bien triste opinion de la France et de ses politiques d'imaginer ça. C'est ensuite illusion de croire qu'il est plus facile de truquer des élections avec des machines qu'avec des bulletins papier. Si c'était le cas, toutes nos belles dictatures africaines et moyen-orientales se seraient déjà équipées dans les grandes villes. Franchement, si une organisation suffisamment puissante souhaitait faire dévier les élections, elle n'aurait pas besoin de faire installer des machines à cet effet. Le trucage des élections existait bien avant les urnes électroniques. Je recommande vivement à tous les lecteurs de participer à des dépouillements de vote papier pour voir à quel point, d'une part il est facile d'avoir des erreurs (surtout quand vous recompter les bulletins pour la énième fois à minuit passé...), et d'autre part comme il est facile d'invalider un bulletin en faisant preuve d'une "extrême maladresse" lors de l'ouverture de l'enveloppe, ce qui conduit le bulletin a être déchiré, et donc nul (ça c'est ballot!...)
La question de la difficulté d'utiliser ces machines par les personnes âgées et les personnes handicapées a également été évoquée. Il est vrai qu'un certain nombre de personnées âgées ont demandé à être accompagnées dans l'isoloir (qui de son fils, qui de son épouse, et même qui de l'électeur qui suivait dans la file!). Cependant la plupart l'on fait par appréhension, après avoir entendu tous les commentaires sur ce mode de vote, et la grande majorité a affirmé en sortant de l'isoloir que finalement c'était très simple, et qu'elles auraient pu le faire seules.
Nous n'avons pas eu de personnes handicapées dans notre bureu de vote, mais il faut savoir que les machines utilisées à Boulogne sont équipées de touches spéciales à accès facilité pour les personnes en fauteuil roulant, et qu'il existe également un système d'aide auditive aux personnes malvoyantes.
Enfin je me dois de préciser que nous avons eu 6 ou 7 réclamations enregistrées sur le PV du bureau de la part d'opposants au vote électronique, sur 980 votants. Tous avaient le même papier en main, qui était un modèle de déclaration trouvé je ne sais où. C'était évidemment un geste éminemment politique sans élément probant, puisqu'aucun incident n'a été à déplorer dans notre bureau.
Ce qui précède peut ressembler à une apologie du vote électronique. Rien n'est moins vrai! J'ai juste voulu vous faire part de mon expérience et de mes réflexions suite à ce 22 avril. Je suis pour ma part persuadé que le vote électronique n'apporte rien à la démocratie (les erreurs humaines et les erreurs électroniques éventuelles doivent représenter grosso modo le même taux), mais qu'il ne lui nuit pas non plus.
J'appelle tous les citoyens qui sont contre à manifester leur opposition, mais dans le même temps j'aimerais que ces opposants viennent participer aux dépouillements. Je sais par expérience qu'un certain nombre de mairies ont opté pour le vote électronique suite à la difficulté croissante de trouver des volontaires pour les dépouillements (et pour tenir les bureaux de vote). Il n'est selon moi pas responsable, et surtout pas citoyen, de laisser aux mêmes personnes toute la charge de tenir un bureau de vote pendant 10h ou 12h puis celle de dépouiller les résultats en fin de journée pendant plusieurs heures, pendant qu'on va à la pêche ou chez la grand mère en se targuant d'avoir été un bon citoyen parce qu'on a passé 2 minutes dans le bureau de vote pour exprimer sa voix. Alors oui parfois on fait la queue. On ne récolte que ce que l'on sème...
Rédigé par : Frédéric Etourneau | 30 avril 2007 à 10:19