Pourquoi André Santini prend-il un tel suppléant ? Prépare-t-il sa succession, lui qui était maire-adjoint de Courbevoie (1971 à 1977) avant de venir à Issy-les-Moulineaux, en tentant de faire élire avec lui celui qui prendra sa place à son départ ? Faut-il absolument préserver cette circonscription pour l’UMP ?
« Attaché à la tradition d’union de l’UDF et de l’UMP, j’ai proposé
avec les maires et parlementaires de la circonscription, à Frédéric
Lefebvre, conseiller régional d’Ile-de-France, conseiller de Nicolas
Sarkozy, d’être mon suppléant.
» annonce André Santini sur son blog. Outre qu'il oublie de mentionner
les autres activités politiques de ce nouveau venu, (voir Rififi dans les Hauts-de-Seine) il en aurait
seulement discuté avec lui même, les maires de Meudon, Vanves et
Boulogne ainsi que la sénatrice, son ancienne suppléante. Peu crédible.
Il semble surtout qu’il n’ait guère eu le choix. Selon le Figaro,
Frédéric Lefebvre aurait été la cible de tensions à l'intérieur de
l'équipe de campagne de Sarkozy. Pour des raisons obscures, il ne
pouvait prétendre intégrer les équipes de l’Elysée. Pourtant, si l’on
en croit le Figaro du 17 mai 2007, « Frédéric Lefebvre, silhouette costaude, cheveux mi-longs, sur un
visage de dur à cuire, ce quadra, conseiller parlementaire, a quelque
chose de John Travolta dans Pulp Fiction. La politique dans le sang, à
un degré qui le rend dangereux pour certains, il connaît Sarkozy depuis
vingt ans. Il l’accompagne depuis 1993. Les élus sont des pièces qu’il
a appris à manipuler… »
Les habitants et les élus locaux de nos communes apprécieront ces caractéristiques du suppléant de Santini.
Ce fonctionnement antidémocratique, ces cumuls et ces jeux de mandats, au service d’intérêts non avoués, sont le quotidien des Hauts-de-Seine. Pourrons-nous un jour sortir de cette logique de clans qui régente notre département depuis sa création ?
Il faut que tous les démocrates authentiques se réunissent pour faire reculer ces pratiques d’un autre temps. Nous sommes des citoyens libres et adultes, nous voulons participer à la construction d’un avenir vivable. Nous changerons ensemble la politique.
Son action sur la loi relative au droit d'auteur et internet, la DADVSI permet de se faire une idée plus précise des méthodes et relations de M. Lefèvbre.
M. Lefèvbre a à cette occasion sans doute ravi les producteurs de film et les grands éditeurs clients de sa société de lobbying : il est intervenu au nom de Nicolas Sarkozy immédiatement après l'adoption surprise d'amendements qui instaurant « la licence globale ».
Ces amendements avaient pourtant été votés souverainement par l'Assemblée Nationale, par delà les clivages partisans, à l'encontre de l'avis du gouvernement certes, mais dans les règles et en conscience. Mais M. Lefèvbre a visiblement su se montrer très persuasif auprès des députés de la majorité qui s'étaient réveillés un instant : tous ont changé d'avis dans les semaines qui ont suivi et le gouvernement leur a fait revoter bien gentiment l'article concerné, comme à de bons godillots...
Le canard, notamment, a relaté à l'époque ces faits en ces termes :
Canard Enchaîné (28/12/2005) : dans la Mare aux canards « Sarko témoin à (télé)charge »(« Copain d'artistes (Reno, Clavier) et de dirigeants des "majors" du disque et du film, Sarkozy avait fait le forcing en leur faveur (...) », « il a publiquement désavoué l'amendement de ses petits camarades députés et il leur a envoyé deux de ses conseillers, Frédéric Lefebvre et Constance Le Grip, pour les travailler au corps »)
Au Palais Bourbon, on dit que pour parvenir à ses fins M. Lefèvbre n'aurait pas hésité à laisser entendre à certains députés UMP que leur investiture ne seraient pas renouveler s'ils ne votaient pas "correctement".
En tout cas, pour avoir suivi les séances, je peux témoigner que M. Lefèvre veillait lui même à ce que les consignes de vote soit respectés en se positionant ostensiblement en bas de l'hémycicle pendant les séances. Il n'avait comme souvent pas l'air de bonne humeur mais n'est pas aller jusqu'à ouvrir sa veste pour montrer son holster ;-)
Il a par contre fait preuve d'une remarquable obstination dans les couloirs tout au long des débats pour que les scandaleux amendements dit Vivendi (http://eucd.info/323.shtml) soient adoptées, ce qui fut fait, aussi, malgré le tollé qu'ils soulevaient dans l'opinion et chez les entreprises du net.
On rapporte que la commande avait été passé directement à Nicolas Sarkozy par M. Fourtou le président du directoire de Vivendi, le mari de Janely Fourtou, l'ancienne élue des haut-de-seine, actuelle député européenne PPE, tous deux riches et fidèles soutiens historiques du nouveau président et dont la fondation familiale vit un temps Éric Besson, le rampant, y exercer les fonctions de directeur financier.
Décidémment en sarkozie, le monde est petit et il faudra plaindre encore plus la démocratie à Issy si l'homme de paille à cigare - lui aussi un rampant - est élu avec le porte-flingue comme suppléant.
Rédigé par : Vernant | 20 mai 2007 à 22:34