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Nous,
soussignés, assujettis à
l’impôt sur le
revenu, et pour certains d’entre nous, à
l’impôt de solidarité sur la fortune,
considérons ces prélèvements comme
légitimes et sommes fiers d’apporter ainsi notre
contribution aux dépenses publiques nécessaires
au
progrès, à la cohésion sociale et
à la
sécurité de la nation. Nous
considérons
également qu’un impôt progressif sur les
successions
est le corollaire indispensable des libertés
économiques
offertes par l’économie de marché. Le
marché
est facteur de progrès parce qu’il permet
à
l’esprit d’entreprise de s’exprimer. Mais
les
inégalités qu’il engendre sont
mortifères
pour la démocratie si aucune limite n’est mise
à la
transmission héréditaire de la richesse. Celle-ci
doit
être acquise par le travail, par le talent, et non par le
simple
fait d’avoir hérité de ses parents. Une
société où le pouvoir
économique se
transmet par héritage, est une société
condamnée à une croissance lente, où
les rentiers
l’emportent sur les créateurs et où
travail et
mérite perdent toute valeur.
L’État doit
bien sûr
savoir se réformer. Augmenter les impôts
n’est pas
une fin en soi et la liberté de chacun passe par la libre
disposition d’une large part du fruit de son travail. Mais
voir
des candidats à la magistrature suprême proposer
des
mesures démagogiques en matière fiscale et
justifier la
sécession sociale des plus riches nous consterne. Car nos
revenus ne proviennent pas seulement de notre talent personnel. Ils ont
été acquis par notre travail, mais celui-ci ne
porterait
pas ses fruits sans le stock d’infrastructures,
d’innovations, de savoir-faire, de goût
d’entreprendre, de lien social, qui nous a
été
transmis par les générations qui nous ont
précédés. C’est cet
héritage commun
qu’il nous revient de préserver et de
développer en
priorité afin d’assurer la qualité
actuelle et
future de notre vie individuelle et collective. Ce qui passe par un
niveau élevé de dépenses publiques.
Ces
dépenses ne sont pas seulement un coût, elles sont
aussi
un investissement, gage à la fois de justice et de
dynamisme.
C’est pourquoi nous consentons à
l’impôt et
récusons des baisses de la fiscalité dont la
contrepartie
serait l’insuffisance des moyens donnés
à la
protection sociale des plus pauvres, à
l’éducation,
à la recherche, à la santé, au
logement ou encore
à l’environnement.
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