Mettre l’État à son service exclusif, nous sommes déjà presque habitués. Il est également capable de faire faire la loi par ses affidés, en toute discrétion et au mépris de l’intérêt général.
Les Hauts-de-Seine sont depuis qu’elles ont été crées le royaume de l’alliance de la droite immobilière chère au Président Pompidou et des promoteurs-constructeurs.
La mise en coupe réglée de ce territoire limitrophe de Paris s’est fait dans un consensus partagé avec l’ensemble des politiciens dès les années 1960, chacun espérant y trouver son compte. Depuis la fin du XXe siècle, le clan Pasqua et ses soutiers immobiliers sait qu’il va y avoir de gigantesques opérations de reconstruction à la Défense. Il faut donc tout faire pour le magot reste entre leurs mains.
Le basculement à gauche de l’ensemble des régions et leur volonté de créer des agences foncières régionales pour limiter la spéculation sur le foncier, l’élaboration d’un schéma directeur de l’Ile-de-France qui limite les mètres carré de bureau dans l’ouest parisien, qui exige un rééquilibrage de la construction de logements accessibles à tous, en particulier en proche banlieue, qui demande de rapprocher les lieux d'habitation et d'activité, sont des éléments qui peuvent entraver le pillage des ressources immobilières des Hauts-de-Seine.
Le quartier de la Défense est l’illustration parfaite de cette collusion de la droite financière avec les bétonneurs. La décision de créer le quartier de bureaux est prise en 1958. Dès l’origine, l’État, à travers l’EPAD, encadre les projets en lien avec les trois communes d’implantation de la Défense (Puteaux, Courbevoie, Nanterre). L'Établissement Public pour l'Aménagement de La Défense est crée pour 30 ans. Il a été prolongé plusieurs fois, la dernière jusqu’en 2010. Son président a été Nicolas Sarkozy jusqu’en décembre 2006. Son directeur depuis 2004 est le trop fameux Bernard Bled, le « cardinal » de la Mairie de Paris sous les règnes de Chirac et Tibéri.
Les premières tours sont construites en 1960. 10 ans plus tard, on autorise un doublement des surfaces de bureau. En 1980, c’est la troisième génération d’immeubles qui voit le jour, encore plus hauts, encore plus denses. Le début des années 90 voit la densification de la « tête Défense » autour de la Grande Arche, la fin de la décennie est marquée par l’extension de la zone sur le territoire de la ville de Nanterre. La municipalité n’acceptera pas les exigences des bétonneurs et tentera de limiter l’extravagance de l’urbanisation outrancière.
Pour ne pas perdre la mainmise sur le magot, la première étape de Sarkozy sera de refuser en 2005 l’agence foncière régionale et de créer son propre outil pour le département, tournant ainsi ouvertement le dos une politique de développement raisonné pour l’Ile-de-France et la solidarité entre les territoires.
La deuxième étape a eu lieu en décembre 2006. A l’occasion du marathon législatif avant l’arrêt des travaux du parlement, M. Karouchi, sénateur UMP des Hauts-de-Seine, a déposé une proposition de loi votée « en urgence » qui est un énorme cadeau à son clan et à son chef Nicolas Sarkozy. Ce texte, « un scandale juridique et politique » pour le PS, un « arrangement entre amis » pour le PC a été soutenu par le gouvernement alors qu’elles contreviennent à l’article 40 de la Constitution qui interdit aux parlementaires de proposer des textes qui aggravent la dépense publique.
Cette loi supprime l’EPAD et crée un nouvel établissement public qui donne un contrôle absolu au département des Hauts-de-Seine pour la gestion du site. Les communes de Puteaux et Courbevoie vont recevoir les recettes fiscales énormes engendrées par la Défense sans avoir à supporter les dépenses d’entretien. Le conseil régional d'Ile-de-France ainsi que la municipalité de Nanterre, pourtant concernés, sont exclus du dispositif.
Plus grave, et autorisant toutes les dérives, ce texte établit pour la Défense un statut dérogatoire : plus de procédures d’agrément pour les opérations de démolition – reconstruction.
Alors que l’on a découvert que les promoteurs avaient allégrement dépassés les plafonds autorisés lors de la phase 2 de construction, ce sont 300 000 mètres carrés de bureaux qui sont envisagés d’ici à 2013 !
Sarkozy a fait voter le 21 décembre 2006 un « plan de renouveau pour la Défense » qui prévoit 40 000 emplois nouveaux. Comment les transports publics, déjà saturés vont-il pouvoir digérer cet afflux ? Comment dans ces conditions rapprocher le logement de l’emploi, ce qui est une nécessité de politique publique.
Tout cela pour Sarkozy et sa clique n’a pas d’importance. Ce qu’il faut c’est que le clan politico-immobilier continue d’en bénéficier, comme depuis 1958. C’est dire que l’on est loin de la modernité que l’on veut nous faire avaler.
Les commentaires récents